Responsabilité des dirigeants en France : quelles fautes à haut risque ?

Mis à jour Dec 10, 2025
  • En France, un dirigeant peut être tenu personnellement responsable, civilement et pénalement, pour des fautes de gestion, des infractions (abus de biens sociaux, fraude fiscale, banqueroute...) et un pilotage défaillant des difficultés financières.
  • Les textes clés (notamment les articles L223-22, L225-251 et L651-2 du Code de commerce) prévoient que le gérant ou le président répond de ses fautes envers la société, les associés et les tiers, indépendamment de la « responsabilité limitée » de la société.
  • Les situations les plus à risque sont la confusion entre intérêts personnels et intérêts sociaux, l'absence de gouvernance formalisée, les retards dans la déclaration de cessation des paiements et le non-respect des obligations fiscales et sociales.
  • En cas de difficultés financières, un dépôt de bilan tardif peut entraîner une action en insuffisance d'actif, une interdiction de gérer, voire des poursuites pénales pour banqueroute.
  • Une gouvernance structurée (délégations de pouvoirs, procédures de conformité, gestion des conflits d'intérêts) et une assurance responsabilité civile des dirigeants réduisent fortement l'exposition personnelle du dirigeant.
  • L'avocat en corporate governance est un partenaire stratégique : audit des risques, mise en place de bonnes pratiques, accompagnement en crise et défense en cas de mise en cause personnelle.

Pourquoi la responsabilité des dirigeants en France est-elle devenue un sujet à haut risque ?

La responsabilité des dirigeants français est de plus en plus engagée, notamment dans les PME et ETI, parce que les textes se sont densifiés et que les créanciers, l'administration et les actionnaires actionnent plus volontiers les procédures. L'enjeu n'est plus seulement la survie de l'entreprise, mais votre patrimoine personnel, votre réputation et votre capacité à continuer à diriger d'autres sociétés.

L'intention principale des dirigeants qui se documentent sur ce sujet est double : comprendre les risques (Know) et identifier des actions concrètes pour se protéger (Do). Le public est clairement B2B : gérants de SARL, présidents de SAS, administrateurs de SA, directeurs généraux, mais aussi actionnaires-dirigeants impliqués au quotidien dans la gestion.

Situations typiques où un dirigeant se retrouve exposé

  • Décisions de gestion prises « dans l'urgence » en période de tension de trésorerie, sans traçabilité.
  • Utilisation ponctuelle du compte bancaire de la société pour des dépenses personnelles « en attendant de régulariser ».
  • Retard dans la déclaration de cessation des paiements parce que le dirigeant espère un retournement de situation.
  • Relations d'affaires avec des sociétés dans lesquelles le dirigeant est également intéressé, sans information claire des associés ou du conseil.

Questions de suivi

  • Comment distinguer une simple erreur de gestion d'une faute susceptible d'engager ma responsabilité personnelle ?
  • Dans ma structure (SARL, SAS, SA), quels sont exactement les textes qui s'appliquent à moi en tant que dirigeant ?
  • Quels sont les signaux financiers qui doivent me conduire à envisager une procédure de sauvegarde ou un dépôt de bilan ?

Quelles sont les bases de la responsabilité civile et pénale des dirigeants en droit français ?

En France, la responsabilité civile du dirigeant vise à réparer un préjudice causé à la société, aux associés ou à un tiers, alors que la responsabilité pénale sanctionne une infraction à la loi (abus de biens sociaux, fraude fiscale, banqueroute, etc.). Un même fait peut engager simultanément votre responsabilité civile et pénale, avec à la clé des dommages-intérêts, des amendes, voire des peines d'emprisonnement. (economie.gouv.fr)

Responsabilité civile : le socle commun des gérants, présidents et administrateurs

Pour les gérants de SARL, l'article L223-22 du Code de commerce les rend responsables, individuellement ou solidairement, envers la société et les tiers, des infractions aux lois et règlements, des violations des statuts et des fautes de gestion. (wipo.int)

Pour les administrateurs et le directeur général de SA, l'article L225-251 prévoit un régime similaire : ils répondent des infractions aux dispositions légales, des violations des statuts et des fautes commises dans leur gestion. (doctrine.fr)

Concrètement, pour engager votre responsabilité civile, la partie qui agit (société, associé, créancier, liquidateur) doit démontrer :

  • une faute (violation de la loi, des statuts ou mauvaise gestion),
  • un préjudice (perte financière, perte de chance, etc.),
  • un lien de causalité entre les deux.

Responsabilité pénale : quand la faute devient infraction

La responsabilité pénale du dirigeant est engagée lorsqu'il commet ou laisse commettre une infraction prévue par un texte pénal (Code pénal, Code de commerce, Code général des impôts, Code du travail, Code de l'environnement, etc.). Exemples fréquents :

  • abus de biens sociaux,
  • fraude fiscale,
  • travail dissimulé,
  • banqueroute en cas de procédure collective,
  • infractions de sécurité (accident du travail grave), infractions environnementales. (economie.gouv.fr)

La peine peut combiner amende, emprisonnement, interdiction de gérer, publication de la décision et confiscation de certains biens. Contrairement à la responsabilité civile, la responsabilité pénale ne peut pas être transférée à un tiers ni totalement « couverte » par un contrat d'assurance.

Tableau synthétique : responsabilités du dirigeant

Type de responsabilité Objet Qui agit ? Sanctions typiques
Civile sociale (action de la société) Réparer un préjudice subi par la société (faute de gestion, violation des statuts) La société (par ses organes), les associés (action sociale ut singuli) Dommages-intérêts versés à la société
Civile individuelle Préjudice personnel d'un associé ou d'un tiers Associé, créancier, cocontractant, salarié... Dommages-intérêts versés à la victime
Civile pour insuffisance d'actif Comblement du passif de la société en liquidation pour faute de gestion grave Liquidateur, ministère public Condamnation à supporter tout ou partie de l'insuffisance d'actif (art. L651-2 C. com.) (lexbase.fr)
Fiscale solidaire Manœuvres frauduleuses ou manquements graves aux obligations fiscales Administration fiscale (LPF art. L267) Responsabilité solidaire pour le paiement des impôts et pénalités de la société (justice.pappers.fr)
Pénale Infraction à une loi pénale (abus de biens sociaux, fraude, banqueroute...) Ministère public, victime partie civile Amende, prison, interdiction de gérer, confiscations

Questions de suivi

  • Comment prouver qu'une décision contestée ne constitue pas une faute de gestion mais un simple aléa économique ?
  • Dans quels cas un associé peut-il agir à la place de la société contre le dirigeant (action sociale ut singuli) ?
  • Comment organiser des délégations de pouvoirs efficaces pour limiter mon exposition pénale ?

Quelles fautes de gestion et comportements sont le plus souvent sanctionnés (abus de biens sociaux, conflits d'intérêts, gestion défaillante) ?

Les fautes à plus haut risque pour un dirigeant français sont celles qui révèlent une confusion entre son intérêt personnel et celui de la société, une absence de loyauté ou une gestion manifestement imprudente. L'abus de biens sociaux, les conflits d'intérêts non gérés et certaines décisions de gestion manifestement contraires à l'intérêt social concentrent la majorité du contentieux.

Faute de gestion : plus qu'une simple erreur

La « faute de gestion » n'est pas définie de manière exhaustive par la loi ; c'est la jurisprudence qui en précise les contours. Il peut s'agir, par exemple :

  • d'investissements manifestement disproportionnés au regard des capacités de la société,
  • de rémunérations excessives ou avantages injustifiés accordés au dirigeant,
  • de carences graves dans le contrôle de la trésorerie ou de la comptabilité,
  • du non-respect de procédures légales essentielles (consultation des associés, pertes de capitaux propres non traitées, absence de dépôt des comptes). (entreprendre.service-public.fr)

Abus de biens sociaux : le délit emblématique

L'abus de biens sociaux consiste, pour un dirigeant, à utiliser de mauvaise foi les biens ou le crédit de la société à des fins personnelles ou pour favoriser une autre société dans laquelle il a un intérêt, en sachant que cela est contraire à l'intérêt social. Pour les gérants de SARL, ce délit est réprimé par l'article L241-3 4° du Code de commerce ; pour les dirigeants de SA (président, administrateurs, directeur général), par l'article L242-6 3°. (doctrine.fr)

En pratique, sont souvent qualifiés d'abus de biens sociaux :

  • les dépenses personnelles payées par la société (voyages, travaux à domicile, véhicules principalement privés, etc.),
  • les prêts sans intérêt ou sans justification à des sociétés ou proches du dirigeant,
  • l'utilisation de la société pour financer une autre structure dans laquelle le dirigeant est intéressé, sans contrepartie réelle pour la société d'origine.

Conflits d'intérêts et favoritisme

Un conflit d'intérêts n'est pas en soi une infraction, mais il devient dangereux s'il n'est ni révélé ni encadré. Exemples :

  • attribution de contrats à une société contrôlée par un proche sans mise en concurrence,
  • négociation personnelle d'avantages au détriment des autres associés,
  • participation du dirigeant au vote d'une décision dont il tire un intérêt personnel direct et important.

Ces comportements peuvent être attaqués sur le terrain des fautes de gestion (responsabilité civile) et, dans les cas les plus graves, d'infractions pénales (abus de biens sociaux, prise illégale d'intérêts dans certains secteurs).

Idées reçues fréquentes

  • « Je rembourse plus tard, donc je suis à l'abri » : même remboursées ensuite, des utilisations personnelles répétées de la trésorerie sociale peuvent caractériser un abus de biens sociaux.
  • « Tout le monde fait comme ça dans ma branche » : la généralisation de certaines pratiques n'exonère pas le dirigeant ; le juge se réfère à la loi et à la jurisprudence, pas aux usages « tolérés ».
  • « Il n'y a pas de plainte de mes associés, donc aucun risque » : le ministère public peut poursuivre certaines infractions même sans plainte (ex. abus de biens sociaux).

Questions de suivi

  • Comment documenter un conflit d'intérêts pour le rendre acceptable juridiquement (information, abstention de vote, rapport spécial) ?
  • Quels types de notes de frais et d'avantages en nature sont particulièrement scrutés par les juges ?
  • Comment mettre en place une politique cadeaux et invitations pour éviter tout risque de requalification en abus de biens sociaux ou corruption ?

Dans quels cas le dirigeant engage-t-il sa responsabilité personnelle en cas de difficultés financières ou de dépôt de bilan tardif ?

Lorsque l'entreprise rencontre des difficultés graves, la vigilance attendue du dirigeant augmente fortement : retard dans la déclaration de cessation des paiements, poursuite abusive d'une activité déficitaire, comptabilité défaillante ou désorganisation de l'actif peuvent entraîner une responsabilité personnelle. Le dirigeant risque alors le comblement de l'insuffisance d'actif, des sanctions personnelles (faillite personnelle, interdiction de gérer) et des poursuites pénales pour banqueroute ou fraude fiscale.

Déclaration de cessation des paiements : la « ligne rouge » des 45 jours

En cas de cessation des paiements, le dirigeant doit demander l'ouverture d'une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire dans un délai de 45 jours, sauf s'il a, dans ce délai, sollicité l'ouverture d'une procédure de conciliation. (actu-juridique.fr)

Les conséquences d'un dépôt tardif peuvent être lourdes :

  • qualification de faute de gestion pouvant justifier une action en responsabilité pour insuffisance d'actif (art. L651-2 C. com.),
  • sanctions personnelles (faillite personnelle, interdiction de gérer),
  • délit de banqueroute si le retard s'accompagne de manœuvres aggravant la situation (moyens ruineux, dissimulation d'actif, comptabilité fictive...). (actu-juridique.fr)

Depuis la loi dite « Sapin II », la simple négligence est en principe exclue du champ de l'action en responsabilité pour insuffisance d'actif : il faut une faute de gestion plus caractérisée. (lexbase.fr) Mais la frontière entre simple négligence et faute reste appréciée au cas par cas par les tribunaux.

Insuffisance d'actif : quand le dirigeant peut être condamné à combler le passif

En liquidation judiciaire, si une faute de gestion du dirigeant a contribué à l'insuffisance d'actif, le tribunal peut le condamner à supporter tout ou partie de cette insuffisance (article L651-2 du Code de commerce). (lexbase.fr)

Typiquement, sont visés :

  • la poursuite abusive d'une activité déficitaire sans perspective raisonnable de redressement,
  • l'absence de facturation ou de recouvrement systématique des créances,
  • une politique de distribution de dividendes ou de rémunération incompatible avec la situation financière,
  • la tenue d'une comptabilité manifestement insuffisante ou irrégulière.

Banqueroute : l'infraction pénale liée à la procédure collective

Le délit de banqueroute, défini à l'article L654-2 du Code de commerce, sanctionne certains comportements frauduleux commis à l'occasion d'un redressement ou d'une liquidation judiciaire : moyens ruineux pour retarder l'ouverture de la procédure, détournement ou dissimulation d'actif, augmentation frauduleuse du passif, comptabilité fictive ou gravement irrégulière. (justice.pappers.fr)

Les peines encourues incluent notamment une peine d'emprisonnement, une amende et des interdictions de gérer. La banqueroute est souvent poursuivie lorsque l'administration fiscale ou les créanciers constatent des irrégularités graves pendant la période précédant l'ouverture de la procédure.

Responsabilité fiscale et sociale renforcée en période de crise

Sur le plan fiscal, l'article L267 du Livre des procédures fiscales permet au président du tribunal judiciaire de déclarer le dirigeant solidairement responsable des impôts et pénalités de la société lorsque des manœuvres frauduleuses ou des manquements graves et répétés ont rendu impossible leur recouvrement. (justice.pappers.fr)

Sur le plan social, des cotisations URSSAF impayées accompagnées de comportements frauduleux ou d'une désorganisation volontaire peuvent également être reprochées au dirigeant, y compris sur le terrain pénal (travail dissimulé, par exemple).

Questions de suivi

  • Comment documenter la situation financière pour démontrer que j'ai agi avec diligence et transparence avant une procédure collective ?
  • Quels réflexes adopter dès les premiers signaux de tension de trésorerie pour réduire mon risque personnel ?
  • Comment articuler les échanges avec l'expert-comptable, le commissaire aux comptes et l'avocat en cas de crise ?

Quelles bonnes pratiques de gouvernance et de conformité réduisent le risque de mise en cause du dirigeant ?

Les dirigeants les mieux protégés sont généralement ceux dont la gouvernance est claire, documentée et respectée : décisions tracées, délégations de pouvoirs formalisées, dispositifs de conformité efficaces et culture du signalement précoce des risques. Ces outils ne sont pas que « cosmétiques » ; ils servent directement de bouclier en cas de contentieux.

1. Clarifier les rôles, pouvoirs et délégations

  • Mettre à jour régulièrement les statuts et règlements intérieurs pour refléter la réalité des pouvoirs.
  • Formaliser les délégations de pouvoirs (sécurité, environnement, fiscal, RH...) : elles doivent être précises, données à une personne compétente, dotée des moyens nécessaires et acceptées par écrit.
  • Prévoir des mécanismes d'information et de remontée d'alerte du délégataire vers le dirigeant.

2. Documenter la prise de décision

  • Rédiger des ordres du jour et procès-verbaux d'assemblées ou de conseils détaillant les options envisagées, les informations financières examinées et les arbitrages retenus.
  • Conserver les rapports d'experts (financiers, techniques, juridiques) qui ont fondé une décision sensible (cession d'actifs, restructuration, refinancement...).
  • En cas de conflit d'intérêts, mentionner l'abstention de vote et la justification dans le procès-verbal.

3. Mettre en place un dispositif de conformité proportionné

Même dans les PME, quelques briques simples de conformité réduisent fortement le risque :

  • charte éthique et de prévention des conflits d'intérêts,
  • procédures de validation des dépenses, notes de frais et engagements supérieurs à un certain seuil,
  • politique anticorruption et cadeaux/invitations, adaptée au niveau de risque,
  • procédure interne de remontée d'alertes (lanceurs d'alerte) claire et sécurisée. (service-public.fr)

4. Assurer le dirigeant : l'assurance RC des dirigeants (D&O)

Les pouvoirs publics rappellent qu'il est possible de souscrire une assurance responsabilité civile du dirigeant, qui couvre notamment les frais de défense et, dans certaines limites, les condamnations civiles susceptibles de frapper le dirigeant pour des fautes commises dans l'exercice de ses fonctions. (entreprendre.service-public.fr)

Points de vigilance :

  • vérifier l'étendue des garanties (y compris frais d'enquête, procédures à l'étranger, couverture des dirigeants de fait),
  • vérifier les exclusions (fraude, faute intentionnelle, certaines amendes pénales),
  • ajuster les plafonds à la taille du groupe et aux risques spécifiques (secteurs réglementés, opérations de M&A, introduction en bourse...).

Checklist pratique de gouvernance pour un dirigeant

  1. Les statuts et règlements internes reflètent-ils encore l'organisation réelle de la société ?
  2. Les délégations de pouvoirs sont-elles formalisées, datées, acceptées, mises à jour ?
  3. Les décisions stratégiques sont-elles systématiquement documentées et archivée ?
  4. Un contrôle minimal des risques fiscaux, sociaux et environnementaux est-il en place ?
  5. Une assurance responsabilité civile des dirigeants (D&O) est-elle souscrite et revue chaque année ?

Questions de suivi

  • Quel niveau de dispositif de conformité est proportionné à une PME de 50 ou 200 salariés ?
  • Comment articuler les rôles entre conseil d'administration, direction générale et comités (audit, risques, rémunérations) ?
  • Quels éléments l'assureur exige-t-il pour accorder ou maintenir une couverture D&O ?

Quel est le rôle de l'avocat en corporate governance pour auditer et sécuriser les pratiques des dirigeants ?

L'avocat en corporate governance intervient à la fois en amont (prévention) et en aval (gestion de crise) pour protéger le dirigeant et la société. Il aide à cartographier les risques juridiques, à mettre en place une gouvernance robuste et, en cas de contentieux, à organiser la défense et la stratégie de communication.

1. Audit de risques et mise à niveau de la gouvernance

  • Analyse des statuts, pactes d'actionnaires, délégations de pouvoirs, procès-verbaux récents, conventions réglementées.
  • Revue des pratiques de gestion à la lumière des principaux risques : abus de biens sociaux, conflits d'intérêts, opérations avec les parties liées, politique de rémunération des dirigeants.
  • Cartographie des risques de responsabilité civile, pénale, fiscale et sociale (y compris risques sectoriels spécifiques).

2. Structuration des procédures internes

  • Mise en place ou révision des chartes de gouvernance, code de conduite, politique anticorruption et conflits d'intérêts.
  • Formalisation d'une procédure d'alerte interne, de traitement des incidents de conformité et de remontée vers le dirigeant ou le conseil.
  • Accompagnement à la mise en place ou renégociation des assurances D&O et autres couvertures pertinentes.

3. Accompagnement en cas de difficultés financières

  • Analyse précoce de la situation de trésorerie et des critères de cessation des paiements,
  • choix et mise en œuvre des outils adaptés (mandat ad hoc, conciliation, sauvegarde, redressement ou liquidation judiciaire),
  • préparation des dossiers et explications à fournir au tribunal, au mandataire et au liquidateur, pour limiter les risques d'actions en insuffisance d'actif ou de banqueroute.

4. Défense du dirigeant en cas de mise en cause personnelle

  • Stratégie de défense coordonnée entre le plan pénal, civil, fiscal et social.
  • Production des preuves de bonne foi, de transparence et de diligence (procès-verbaux, audits, avis d'experts, échanges avec les autorités, etc.).
  • Négociation avec les créanciers, l'administration et le ministère public, lorsque cela est possible.

Questions de suivi

  • Quel type de mission d'audit de gouvernance est pertinent pour la taille et le profil de mon entreprise ?
  • Comment impliquer le conseil d'administration ou les associés dans une démarche de mise en conformité ?
  • Quelle fréquence de revue juridique de la gouvernance est raisonnable (annuelle, pluriannuelle, événementielle) ?

Idées reçues et erreurs courantes des dirigeants sur leur responsabilité

Certaines croyances exposent directement les dirigeants à des risques non anticipés. Les identifier est déjà un premier pas pour ajuster sa posture et ses pratiques.

« Ma société est à responsabilité limitée, mon patrimoine personnel est protégé »

La responsabilité limitée concerne les associés, pas le dirigeant dans l'exercice de ses fonctions. Ce dernier peut être condamné personnellement en cas de faute de gestion, d'infractions fiscales ou pénales, ou encore à combler l'insuffisance d'actif en liquidation judiciaire. (lexbase.fr)

« Si je ne suis pas rémunéré, je ne risque pas grand-chose »

L'absence de rémunération n'efface pas la qualité de dirigeant de droit ou de fait. Les textes sur la responsabilité civile et pénale visent l'exercice effectif du pouvoir de direction, qu'il soit rémunéré ou non.

« Tant que personne ne se plaint, tout va bien »

De nombreuses actions (insuffisance d'actif, banqueroute, solidarité fiscale, infractions environnementales) peuvent être engagées à l'initiative du ministère public, du liquidateur ou de l'administration, indépendamment de toute plainte des associés ou des partenaires commerciaux.

FAQ - Responsabilité des dirigeants en France

Un dirigeant peut-il être poursuivi des années après avoir quitté ses fonctions ?

Oui. La responsabilité civile peut être recherchée pour des faits commis pendant le mandat, même une fois celui-ci terminé, dans le délai de prescription applicable. De même, certaines infractions pénales commises durant les fonctions peuvent donner lieu à des poursuites après le départ, tant que l'action publique n'est pas prescrite.

L'assurance responsabilité civile des dirigeants couvre-t-elle les amendes pénales ?

En principe, non. L'assurance D&O couvre surtout les frais de défense et, le cas échéant, certaines condamnations civiles. Les amendes pénales, notamment en cas de faute intentionnelle, ne sont pas assurables.

Un dirigeant de fait (et non officiellement nommé) peut-il être poursuivi ?

Oui. De nombreux textes, notamment en matière d'insuffisance d'actif, de responsabilité fiscale ou de banqueroute, visent les dirigeants « de droit ou de fait ». (lexbase.fr) Celui qui exerce en pratique les pouvoirs de direction peut être tenu responsable, même sans mandat formel.

Est-ce qu'une simple erreur de jugement peut suffire pour me condamner à combler le passif de la société ?

Non, pas en principe. La jurisprudence tend à distinguer l'erreur de gestion (aléa normal de l'entreprise) de la faute de gestion. Depuis la réforme de l'article L651-2, la simple négligence ne suffit plus à justifier une condamnation pour insuffisance d'actif, mais une faute plus caractérisée peut être retenue. (actu-juridique.fr)

Dois-je impérativement avoir un avocat pour une procédure collective ?

En pratique, l'assistance d'un avocat est fortement recommandée : la procédure est technique, les enjeux de responsabilité personnelle sont importants et les décisions prises dans les premières semaines ont souvent un impact décisif sur la suite.

Quand Consulter un Avocat

Il est prudent de consulter un avocat spécialisé en droit des sociétés et procédures collectives dès que l'une des situations suivantes se présente :

  • vous hésitez à utiliser des fonds de la société pour des besoins personnels, même temporairement,
  • vous envisagez une opération significative impliquant un conflit d'intérêts potentiel (achat/vente avec une société liée, rémunération exceptionnelle du dirigeant),
  • vous constatez des tensions de trésorerie récurrentes, des retards de paiement aux organismes sociaux ou fiscaux, ou un doute sur la capacité de l'entreprise à faire face à ses dettes exigibles,
  • un commissaire aux comptes, un expert-comptable ou un associé vous alerte formellement sur la situation financière ou la gouvernance,
  • vous recevez une mise en demeure d'une administration (fiscale, sociale, environnementale) ou une convocation devant une juridiction.

Un rendez-vous en amont permet souvent de transformer une crise potentielle en réorganisation maîtrisée plutôt qu'en contentieux personnel coûteux.

Prochaines Étapes

Pour un dirigeant qui souhaite réduire dès maintenant ses risques de responsabilité personnelle, un plan d'action concret peut être le suivant :

  1. Faire un auto-diagnostic rapide : vérifier la situation de la trésorerie, la qualité de la comptabilité, les retards de paiement et l'existence de décisions sensibles peu documentées.
  2. Rassembler la documentation clé : statuts, pactes, délégations de pouvoirs, procès-verbaux récents, conventions avec des sociétés liées, contrats importants.
  3. Planifier un audit juridique ciblé avec un avocat en corporate governance pour cartographier vos risques (civils, pénaux, fiscaux, sociaux) et prioriser les actions correctrices.
  4. Mettre à niveau la gouvernance : clarifier les rôles, formaliser ou actualiser les délégations de pouvoirs, renforcer les procédures internes de validation des décisions et des dépenses.
  5. Revoir les assurances existantes (responsabilité civile professionnelle, D&O, homme-clé) à la lumière des risques identifiés, en s'appuyant au besoin sur les ressources officielles telles que la fiche « Assurances de la société » sur Entreprendre.Service-Public.fr. (entreprendre.service-public.fr)
  6. Instaurer un suivi périodique : revue annuelle ou pluriannuelle de la gouvernance et de la conformité, particulièrement en cas de croissance rapide, de levée de fonds ou d'opérations structurantes.

Ces étapes, mises en œuvre de manière pragmatique et adaptée à la taille de votre entreprise, réduisent significativement le risque que vos choix de dirigeant se transforment, un jour, en mise en cause personnelle devant un tribunal.

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